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in front off
installation / 2006




Placé juste avant l’entrée de l’espace d’exposition, un poste de télévision diffuse en plan fixe la scène vide d’une conférence de presse de la Maison Blanche. Il s'agit d’une représentation du pouvoir qui obéit à un format médiatique immuable, mis en scène selon des conventions d'éclairage et de cadrage, impliquant des symboles officiels (drapeau, sceau du président, pupitre) : une image ultra-médiatique. Ce décorum, élaboré uniquement dans le but de devenir une image à travers le cadre des caméras et des appareils photo, est tout à fait inscrit dans l'imaginaire collectif, aidé par les nombreuses fictions cinématographiques le réutilisant.
Lorsque le Président des Etats-Unis ou le porte-parole de la Maison Blanche s'exprime devant la presse, quelque soit l'endroit géographique ou fictionnel d'où il parle, tout paraît sous contrôle, tout rentre dans le cadre officiel, grâce à ce décorum rassurant et familier.
Pour les besoins de l’installation, l'espace d'exposition a été divisé en deux parties par une cloison prolongée d'un rideau que le spectateur ne peut traverser qu'à un endroit précis s'il veut continuer à évoluer dans l'espace. En poussant ce rideau, il se retrouve à l’intérieur du dispositif scénique dont il vient de voir l'image télé. Il découvre alors que le décor a été construit de manière rudimentaire : c'est un assemblage fait de morceaux de textile suspendus, d'une construction en bois grossièrement peinte et d'impressions agrandies à partir d'Internet, où uniquement ce qui apparaît dans le champ de la caméra ― placée devant lui et filmant en permanence ― a été élaboré. En arrivant en quelque sorte par le fond de l’image, il fait l’expérience à la fois de sa fragilité (les limites du cadre, de l'éclairage et de la profondeur de champ) et de son pouvoir de vraisemblance.
Le pouvoir symbolique de ce décorum formaté repose sur le contrôle de la planéité et de la durée de diffusion de son image. L'installation que j'ai réalisée d'après ce dispositif médiatique regroupe, dans un espace et un temps séparés, le simulacre et son effet de réel.
Elle invite le spectateur à faire l’expérience des limites du cadre et de la profondeur de champ et de passer ainsi de la planéité de l’image-télé à la profondeur de sa construction.





Textile, drapeau, bois, impressions sur papier, éclairage, caméra vidéo connectée à un moniteur

Diplôme de 5ème année,
ESBAMA, Montpellier, France

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